Alpha Condé: “nous n’avons pas appelé à des élections” au Togo
juillet 3, 2018 :
La situation politique togolaise était au coeur d’un entretien qu’a eu le facilitateur du dialogue inter-togolais, Alpha Condé, sur France 24 ce lundi. Le président guinéen a reprécisé le fond du communiqué des dernières discussions à Lomé notamment sur la date des élections législatives. Pour lui, les facilitateurs de la CEDEAO n’ont pas appelé à des élections mais ont juste fixé une “date indicative”.
Alpha Condé et Nana Akufo-Addo ont-ils fixé de date pour la tenue des élections législatives au Togo ? Non, répond le premier. Lundi sur France 24, en marge du sommet de l’Union Africaine qui se tient à Nouakchott, le président guinéen a tenu à clarifier les choses. “Nous n’avons pas appelé à des élections au Togo. Le problème qui se pose, c’est que l’opposition reproche au gouvernement de préparer des élections sans consensus. […] Nous avons demandé que le parlement actuel reste en place jusqu’à l’élection d’un nouveau parlement et que le gouvernement arrête la préparation des élections. Évidemment, il serait irresponsable de notre part de ne pas donner une date indicative. Nous avons seulement donné une date indicative. Nous n’avons pas appelé à des élections”, a déclaré Alpha Condé.
Quant à l’issue de la crise, le facilitateur guinéen a estimé que les positions sont très tranchées malgré quelques acquis. “Il y a eu quelques pas, ceux qui ont été arrêtés dans le cadre des manifestations ont été libérés. Le gouvernement a accepté que l’opposition puisse reprendre ses manifestations en accord avec les forces de sécurité pour que cela n’aboutisse pas à des morts ou à des destructions des biens publics. Au début, après ma rencontre avec les opposants, on a même libéré des imams alors qu’on les accusait de djihadisme. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de progrès mais nous sommes loin de la solution. Les positions du pouvoir et du gouvernement sont très éloignées. Mais nous ne désespérons pas. Nous pensons que progressivement nous arriverons à les amener au consensus. Déjà, il y a deux acquis fondamentaux : les élections à deux tours et la limitation des mandats à deux“, a-t-il expliqué.
Faure Gnassingbé cherche-t-il à s’accrocher au pouvoir en manipulant la constitution ? À cette question de Marc Perelman, le président Condé répond: “nous faisons confiance au président Faure tout comme nous faisons confiance à l’opposition. Je dis clairement que nous ne sommes pas un syndicat de chefs d’État qui se soutiennent entre eux, mais nous ne sommes pas non plus des pyromanes. Ce qui importe pour nous, c’est qu’on tienne compte de la volonté du peuple togolais et qu’il y ait un gouvernement qui l’accepte et qui représente ses intérêts et que le pays se développe.”
“Nous ne soutenons ni le président Faure ni l’opposition. J’ai déjà dit au niveau de l’Union européenne qu’au niveau de l’Union africaine, nous ne sommes pas un syndicat de chefs d’État. Nous devons respecter les droits de l’homme et nous devons appliquer la démocratie tel que nous le voyons nous-mêmes, pas comme on nous l’impose. Nous connaissons les règles universelles de la démocratie mais c’est notre responsabilité. Mais nous ne sommes pas complices, nous nous défendons pas les uns les autres”, a conclu Alpha Condé.
Voilà qui a le mérite d’être clair et qui va mettre fin à la polémique autour du communiqué ayant sanctionné les travaux du quatrième round du dialogue la semaine dernière, pouvoir et opposition se livrant une guerre d’interprétation sans merci.