Lundi lors de sa conférence de presse pour le lancement officiel du « fonds Mgr Kpodzro », l’Archevêque émérite de Lomé est revenu sur l’affaire d’insurrection armée qui défraie la chronique depuis quelques jours déjà. L’homme de Dieu a dénoncé les « dérives outrageuses des tenants du régime qui, à travers l’instrumentalisation abject et ignominieuse de l’armée, viole allègrement les domiciles d’honnêtes citoyens qui sont sauvagement battus, femmes et enfants compris, pour de motifs nébuleux résultant de montages sadiques et grotesques qu’eux seuls sont capables de comprendre ».
Pour Monseigneur Philippe Kpodzro, il est inadmissible que dans un (soi-disant) pays de droits, que les populations méprisées pour leurs opinions politiques fassent l’objet de tant de traitements outranciers et révoltants, dignes d’une époque révolue.
« Je m’insurge vigoureusement, en ma qualité de prélat, pasteur de brebis de Dieu, contre les traitement infligés aux Tem qui sont régulièrement flagellés, massacrés à sang et à feu, contraints de fuir leurs domiciles et se réfugier dans la forêt, poussés par leurs propres frères et sœurs qui jouissent de l’avantage d’être aujourd’hui du parti au pouvoir », a martelé le prélat.
Et de poursuivre : « Sokodé, Bafilo, Mango, Agoè et sa périphérie sont devenus par les faits têtus de l’actualité, des zones non gratae, où il ne fait plus bon vivre, puisqu’il suffit d’avoir couteau, coupe-coupe et même une aiguille chez soi pour être considéré comme un djihadiste (surtout lorsque vous arborez par malheur un habit rouge) bon à arrêter, torturer et jeter, sans aucune forme de procès, en prison ».
L’ancien président du Haut Conseil de la République trouve inacceptable que le Parti National Panafricain (PNP), qui est un parti politique régulièrement constitué, voit son siège régulièrement investi par des militaires qui viennent molester ses militants à qui on refuse le droit de réunion, en violation fragrante de la loi fondamentale.
A en croire Mgr Kpodzro, à cette allure où vont les choses dans ce pays, personne n’est à l’abri des dérives du régime cinquantenaire de Faure Gnassingbé. Il craint qu’un de ses jours on le présente au journal de 20 heures à la TVT comme djihadiste, tout juste parce qu’on aurait trouvé une aiguille ou un couteau de table dans son domicile.
« Qui me dit qu’on ne débarquerait pas un de ces jours (comme ce fut déjà le cas dans quartier Bè) chez moi pour défoncer portes et fenêtres, saisir les couteaux de table et aiguilles et m’embarquer pour le lendemain me présenter au journal de 20 heures à la TVT comme un djihadiste avec présentation de mes couteaux et aiguilles comme corps de délit ? N’avais-je pas raison de tirer la sonnette d’alarme lorsque les premières menaces de morts (qui continuent d’ailleurs) m’étaient parvenues ? », se demande le prélat.
Monseigneur Kpodzro dénonce au passage, le silence complice et coupable de la communauté internationale face aux dérives du régime de Faure Gnassingbé.
« Quel crime le Togo et les Togolais ont-ils commis pour ne bénéficier d’aucun de vous la moindre marque de compassion ? Non, non et non ! Pitié, ayez pitié des pauvres brebis que Dieu m’a confiées. Pardonnez-moi si je vous ai offensé, mais je ne suis pas un politicien, je suis un vieux pasteur moribond qui est prêt à donner sa vie pour ses brebis, à lui confier par Dieu », a-t-il conclu.
Rappelons qu’hier lors de sa conférence, le prélat a lancé une opération de collecte de fonds pour soutenir le candidat unique de l’opposition pour une alternance politique pacifique en 2020. La mobilisation de ce fonds évalué à 7 milliards de francs CFA se fera d’ici le 20 février 2020.
Godfrey (www.icilomé.com)