Djimon Oré: “je ne crois pas à la médiation des chefs d’Etat de la CEDEAO”

Pensez-vous qu’il appartient à un chef d’Etat ghanéen ou guinéen de venir instaurer la démocratie au Togo?“, a lancé le président du Front des Patriotes pour la Démocratie (FPD). Djimon Oré dit ne pas avoir confiance en ces présidents qui se protègent entre eux. “Ces présidents ne viendront pas dire à Faure Gnassingbé de quitter le pouvoir parce qu’une partie de l’opposition togolaise le leur a demandé“, a-t-il soutenu.

Pour Djimon Oré, seul le peuple togolais est capable de se libérer par lui-même. Et pour cela, souligne-t-il,il faut des stratégies et du temps. “Le problème togolais est un problème majeur; il faut donc une analyse macro et non des détails. Le départ de Faure Gnasssingbé est un détail. Il faut, pour que tout le système s’écroule, que tout le régime s’en aille“, a déclaré l’ancien ministre de la Communication qui a encore insisté sur la nécessité d’aller vers une transition.

Sur la question du dialogue, Djimon Oré ne veut pas se laisser flouer. Car, pour lui, le Togo a déjà connu une kyrielle de dialogues qui se sont tous soldés par des échecs. “Le dialogue, précise-t-il, n’est pas le remède approprié au mal dont souffre le Togo qui en a déjà connu vingt-cinq“.

Exprimant sa solidarité avec les partis d’opposition qui sont actuellement dans la rue, le patron du FDP a expliqué que son parti évolue par étapes. “Pour le moment, nous faisons un travail de terrain sans tambour ni trompette. Nous sommes en phase de sensibilisation“, a-t-il conclu.

Togo : pour donner une chance au dialogue, le CJD appelle à l’arrêt des manifestations

Les dégâts matériels causés par les manifestations politiques sont souvent passés en perte et profit. Et pourtant depuis le 19 août, en plus des pertes en vies humaines, on note d’importants dégâts matériels occasionnés par ces mouvements de foule. C’est en tout cas, c’est le constat du Mouvement des jeunes pour le développement qui a livré le bilan de sa tournée du 23 au 25 novembre. « Le CJD a recueilli les témoignages de plusieurs victimes dans la région maritime. Ces témoignages sont très émouvants. Des femmes nous ont rapporté, preuve à l’appui, qu’elles ont été soit molestées soit vandalisées par des militants de l’opposition. Leurs commerces ont été saccagés. Nous risquons de passer toute la journée ici si nous voulons tout dire », a indiqué, Orphé Adom, coordonnateur du CJD, au cours de cette rencontre avec la presse où une projection de film retraçant la tournée et les témoignages, a été faite.

 

« Deux jeunes hommes apparemment surexcités m’ont prise à parti au niveau de l’ancien hôtel de la Paix. Ils m’ont poussée à la renverse. Puis ils ont emporté mon ma sacoche contenant une importante somme d’argent », a confié une femme d’un certain âge qui montrait ses blessures encore vives sur le corps. « Mon père m’avait remis une somme de deux cent cinquante mille francs pour m’acheter un ordinateur portable devant me servir à rédiger mon mémoire. Le jour-là, rapporte Félicité, j’allais au marché quand je suis me suis retrouvée nez à nez avec une foule de manifestants qui ne m’a pas ratée. Mon argent est parti ».

En allant au-delà des simples discours, les responsables du CJD ont remis à chaque victime une enveloppe financière, pour ainsi contribuer à la reprise de leurs activités.

Orphé Adom a par ailleurs appelé le personnel politique à sacrifier les intérêts personnels et partisans sur l’autel de l’intérêt national pour une sortie de crise. A ce propos, il a notamment invité l’opposition à observer une trêve dans ses manifestations au nom du dialogue en vue.

 

Classio Koutoglo: “il faut des stratégies et du temps pour venir à bout d’une dictature cinquantenaire”

Courrier d’Afrique a posé quelques questions à Classio Koutoglo, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Qui est-il ? Pourquoi ses prises de positions si tranchées ? Que pense-t-il de la crise politique actuelle ? Voici son interview !

Courrier d’Afrique : Qui est Classio Koutoglo?

Un citoyen togolais comme les autres. Un jeune paisible, rigoureux  et démocrate. Un patriote engagé dans le mouvement la « Diaspora Consciente » contre la dictature, ses manifestations au Togo et en Afrique pour un avenir radieux de la présente et future génération.
Je réside aux Etats Unis et je suis un administrateur des Systèmes de Santé. Je suis spécialiste en Pharmacies médicales d’Hôpitaux et de Business Administration.
Je suis coordinateur de la Diaspora Consciente, le Directeur exécutif de la World Togolese Foundation, et Ex – Directeur General de la Radio de la Diaspora Africaine de Chicago, FM LIBERTE.
La liste risque de devenir  longue sur la présentation si je ne décide  pas de m’arrêter ici (Sic Rires).

Pourquoi êtes-vous si dur envers le pouvoir de Lomé?

J’entends beaucoup de mes collaborateurs africains et togolais me rapporter cette assertion. En réalité, je ne pense pas que je suis dur contre le pouvoir de Lomé 2, c’est-à-dire le pouvoir héréditaire qu’incarne aujourd’hui Faure Gnassingbé. Très souvent, dans certains coins de l’ Afrique comme le Togo en particulier  ou l’ éducation de la rigueur, l’ entreprenariat, le  droit, juste pour ne citer que ces valeurs inhérentes à la vie  sociale d’ une communauté saine ,  est faussée volontairement par les gouvernants pour des objectifs d’ orientation exécrable des âmes d’ une population, il arrive que, lorsque certains comme ma petite personne, ont l’envie cruelle de remplacer la mauvaise barre  par une autre raisonnable afin  de redonner de  l’ espoir  avec la meilleure éducation à la jeunesse,  à la génération actuelle et celle  future pour une harmonisation générale des principes, des méthodes et des procédures de la refondation de la société moderne et meilleure, certains esprits antiques , moyenâgeux, malins pensent que vous êtes dur.

Dans le Togo que le dictateur Eyadema Gnassingbé dont et ses fils ont voulu faire une monarchie, il n y a pas une réelle application des lois ni aucune procédure démocratique dans les institutions de l’Etat, dans les foyers, et dans les habitudes quotidiennes. La force de la loi est inexistante et  remplacée par la loi de la force.

Dans ces conditions, vous verrez  ceux qui mentent allègrement et  publiquement sans avoir froid aux yeux, volent à ciel  ouvert,  tuent et  intimident  avec les pointes des kalachnikovs,  prennent le plaisir inhumain de qualifier les rigoureux comme des durs à connotation négative.

Honnêtement, je suis juste l’un de ces milliers de Togolais qui demandent simplement au régime de Faure Gnassingbé de faire les reformes institutionnelles, constitutionnelles, électorales et la décentralisation contenues dans l’Accord Politique Global.

Et pourtant, ceux qui vous connaissent, disent que vous étiez un soutien indéfectible de Faure Gnassingbé. Êtes-vous sincère dans vos prises de position contre ce pouvoir ou est-ce juste une façon de vous faire désirer?

Je n’ai  fait que des études qui m’ont inculqué la notion de vérité, de la rigueur, et de l’obligation de résultats. Si nous nous sommes transportés dans de grandes écoles, c’est pour apprendre les modules et les appliquer normalement pour le bien-être individuel et collectif afin d’asseoir un essor  participatif, intégral et global d’un foyer, d’une communauté, d’une société, d’un pays ou d’une République.

Je ne crois pas que nos professeurs, ces hommes et femmes dignes, nobles nous ont inculqué les valeurs pour les appliquer à l’envers. Malheureusement, c’est ce que je constate dans le camp des farceurs de Faure Gnassingbé contre le Peuple affamé, démuni, et abusé.

Même un prince héritier, richissime, ami ou grand frère  ne doit, en aucun cas, compter sur mon soutien indéfectible dans le désordre, la cacophonie, le mensonge, la gourmandise avec une minorité devant un Peuple majoritaire réclamant son indépendance du joug dictatorial.

Je vais peut-être vous décevoir en disant que je ne suis pas un soutien incontournable et indéfectible à Faure Gnassingbé, mais plutôt, j’avais cru un temps, aux phrases et aux mots qui sortaient de ses discours et de sa bouche.

Lorsqu’un président mal élu fait un mea culpa pour dire “plus jamais ça sur la terre de nos aïeux ” à Atakpamé, on n’avait pas besoin de permission pour le croire et l’encourager.

Lorsqu’un prince mal élu reconnait la mauvaise gouvernance de son père pendant 38 ans, et monte au créneau, dès son arrivée au pouvoir,  pour d’ abord affirmer fermement que son père, c’était son père (fin de la gabegie financière au Togo) et convie la jeunesse à venir l’entourer pour relancer le pays rapidement, je ne vois pas en quoi je ne peux donner à ce dernier une petite confiance.

Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux. Pour vous, la libération du Togo passe-t-elle par-là? 

C’est vous en tant qu’un averti dans le domaine de la communication qui devriez nous dire aujourd’hui la différence. Le pouvoir pouvait tromper le peuple. Mais aujourd’hui  grâce aux réseaux sociaux, tout se sait à la seconde près. Donc, c’est pour vous rassurer que les réseaux ne sont pas la solution à la crise, mais ils contribuent énormément. Les activistes intelligents ont désormais les canaux efficaces pour parler à leurs sœurs, frères, parents pour qu’ils agissent dans le bon sens contre toutes dictatures freinant l’essor du Togo et de l’Afrique.

Sur les réseaux sociaux, vous avez des positions très tranchées. Pensez-vous que le radicalisme peut aider à résoudre les problèmes?

Qu’est-ce que vous appelez  radicalisme? Vous me surprenez avec ces termes. Est-ce que le radicalisme, c’est de demander à Faure Gnassingbé de respecter non seulement des accords signés, mais de réaliser ce qu’il a dit de sa propre bouche au peuple togolais ? Je peine cruellement à situer le radicalisme dans mes fructueuses discussions politiques sur les réseaux sociaux qu’une grande majorité de Togolais restés au pays ou vivant dans la diaspora qualifient d’un véritable éveil citoyen togolais.

Comme je ne suis pas dur, je ne vais pas vous dire d’aller demander à ceux qui déciment le Peuple togolais de nous définir le radicalisme.

Depuis un peu plus de trois mois, une partie de l’opposition conteste dans la rue le pouvoir de Faure Gnassingbé. Est-ce que ça ne dure pas trop longtemps ?

Pas du tout ! N’oubliez jamais que les togolaises et togolais veulent faire tomber un système dictatorial vieux de 50 ans. Ce que ces gens ont construit pendant un demi-siècle, il faut des stratégies dans le temps et dans l’espace pour tout déraciner.

Je vais vous faire une révélation,  et je crois que le président Faure Gnassingbé a eu la bonne information tardivement, c’ est pourquoi il bouscule non seulement ses conseillers proches, mais aussi les agents de renseignements. Ils n’ont pas pu avoir les informations à temps sur la révolution en préparation.
Ce qui se concrétise à travers la mobilisation populaire est un travail qui a commencé depuis 2014 au moment où Faure Gnassingbé a voulu briguer un troisième mandat, ce qui est une forme de terrorisme contre son peuple. Comme vous le constatez, les travaux d’une révolution spéciale contre les dictateurs cinquantenaires peuvent prendre du temps.

Si les filles et fils conscients  du Togo avec une forte jeunesse et de leaders clairvoyants devant la scène arrivent à bout de la dictature dans 5 ans, je dirai qu’ils ont fait grand exploit.

L’essentiel aujourd’hui est de rester debout partout sur la planète, où les togolais vivent.  L’essentiel est de faire des sacrifices financiers pour soutenir les 14 partis politiques pour la suite constante de la lutte  et de financer  la jeunesse debout qui veut vraiment et patriotiquement  la fin de ce régime.

Faure Gnassingbé appelle au dialogue. L’opposition doit-elle y aller, à votre avis?

Tout conflit débouche toujours sur le dialogue, surtout, si les camps en conflit le trouvent nécessaire pour une sortie de crise claire dont les résultats doivent être applicables maintenant.

Le Togo n’a plus besoin d’un dialogue au cours duquel les leaders de l’opposition prennent part et le président de la République envoie des gueulards pour le défendre tout en restant dans son bureau pour damer les pillons.

Je vais encore vous dire une vérité. Il n y a personne au RPT/UNIR qui peut prendre une décision à la place de Faure Gnassingbé. Le Rpt/Unir n’est pas un parti politique en terme académique et politique.

Le seul dialogue qui qui vaille au Togo est celui où Faure Gnassingbé a pris part pour échanger avec l’opposition sur les sujets qui divisent. Avec des présidents démocrates comme facilitateurs.  Les trois présidents qui entourent le Togo, s’ils veulent vraiment être des facilitateurs dans la crise du Togo, nous pouvons espérer de bons résultats applicables immédiatement avec des chronogrammes à l’appui.

Je ne voudrais pas trop aller en détail de peur de dire des choses que je ne suis pas autorisé à dire.

Notre dialogue a besoin de Faure Gnassingbé lui-même, un facilitateur démocrate et  fort dans l’un de nos pays limitrophes et les représentants des 14 partis politiques de la coalition ou tous ses leaders.  En ce qui concerne la représentation de la Diaspora et de la société civile, je pense que ce n’est pas nécessaire pour ne pas ouvrir la voie à du dilatoire.

Le vote de la Diaspora est l’élément primordial.

Finalement comment sortir de l’impasse?

Les togolais sont en majorité debout aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux surtout.

Les leaders sont en majorité plus détermines et décides à conclure cette lutte grâce aux travaux sur les réseaux sociaux où se déroulent par moments des discussions houleuses avec des vérités pures et directes. Je suis tente de dire même que nos leaders ont pu effectivement déceler les voix du Peuple sur les réseaux sociaux et, rapidement, les sacrifices patriotiques se sont faits pour aller en rang d’unicité d’actions contre les ennemis du peuple.

Pour répondre directement à votre question, je vais juste vous répéter ce que la Diaspora Consciente a longtemps proposé aux leaders, au Peuple, à la jeunesse et au Président Faure Gnassingbé et ses conseillers.

1- Que le chef de l’Etat accepte que 38 ans de règne de son père et 12 ans de lui -même sans discontinuité n’honorent  pas le Togo, lui-même, ses collaborateurs.

2-  Que Faure Gnassingbé accepte une transition politique avec le retour des valeurs de la constitution de 1992 selon laquelle « en aucun cas, nul peut faire plus de deux mandats » à la tête du Togo.

3- Qu’il renonce à se représenter en 2020, comme le lui a conseillé son ami Gilchrist Olympio.

Je demande au Président de faire ce sacrifice pour le Togo d’aujourd’hui et de demain.

4- Il faut un gouvernement de salut ou de transition politique avec un Premier ministre qui applique les textes de la Constitution de 1992
La méfiance, qui est le fond de notre crise au Togo, va se dissiper automatiquement au profit de la joie de vivre ensemble des togolaises et togolais de tous bords.

Je vous garantis que le Togo peut dépasser vite le Ghana, le Benin, le Burkina Faso en terme de démocratie et de développement

Combien de régions du Togo  seront touchées par le développement avec l’alternance au somment de l’Etat durant les 50 années à venir ? A vous les lecteurs de voir et de faire le choix

Mohamed MADI DJABAKATE: “Faure peut remercier Gilchrist de lui avoir conseillé de partir en 2020”

Soleil FM a abordé ces questions avec Monsieur Mohamed MADI DJABAKATE, président du Conseil d’administration du Centre pour la Gouvernance Démocratique et la Prévention des Crises (CGDPC). L’homme n’a pas manqué de parler du périple africain du président français, Emmanuel Macron. Lecture.

Soleil FM: L’actualité togolaise est marquée cette semaine par la sortie du président de l’Union des Forces de Changement, Gilchrist Olympio, qui annonce sa retraite politique. Que retenez-vous du parcours de l’homme ?
Mohamed MADI DJABAKATE: Un parcours en decrescendo d’un radical incompris au moment où il s’est compris lui-même. Un passé glorieux, un présent poussif et un futur anonyme. Plus profondément, un parcours essentiellement dicté par un entourage d’anciens compagnons de son feu père qui voyaient en son fils une opportunité de revenir aux affaires. Bref, un précurseur de Faure Gnassingbé qui comme lui est pris en otage par les compagnons de son père depuis le 5 février 2005. Tous deux ont une carrière politique intimement liée à leurs patronymes. En d’autres termes, un fils qui a fait les affaires d’un système dont son père a été fondateur jusqu’au moment de son éviction, en 2010, qui s’explique par son désir de s’assumer en remettant en cause une approche qui, selon lui, n’apportait pas les fruits escomptés.
Et c’est normal quand on comprend que son engagement politique était plus un combat entre le présumé assassin de son père et lui. La mort de Gnassingbé Eyadema en 2005 a pris de court Gilchrist qui s’est retrouvé sans adversaire pour poursuivre son combat.
En définitive, malgré la menace politique sérieuse qu’il a constituée au pouvoir d’abord de Eyadema et dans une certaine mesure de Faure, malgré tout ce passé politique bâti sur la dépouille de son père, Gilchrist Olympio a fini sa course politique la queue entre les jambes parce que fragilisé par la non application de l’accord UFC-RPT qui était devenu la justification de son revirement stratégique. Bref, il a été finalement détruit par le système qui a pris la place de celui créé par son père.
Dans sa déclaration, Gilchrist Olympio demande au Chef de l’Etat d’écouter la voie de la sagesse, de saisir l’occasion de rentrer dans l’histoire et de ne pas se présenter à la présidentielle de 2020. Un coup dur pour Faure Gnassingbé?
C’est clair que ce ne sont pas des propos de nature à avantager Faure. Car sans verser dans son ancienne méthode qui consistait à faire le sensationnel, Gilchrist a donné sa position pour le dialogue qui s’annonce : Faure doit terminer son mandat en cours et se retirer du jeu politique. Et pour donner l’exemple lui-même Gilchrist annonce son retrait. Un retrait qui en réalité est un message à tous ceux qui croyaient que le fils de Sylvanus était obsédé par le fauteuil présidentiel.
Gilchrist une fois de plus tend la main à Faure Gnassingbé pour qu’ils écrivent ensemble une nouvelle page de l’histoire du Togo : la fin de la prise en otage des togolais par les familles Gnassingbé et Olympio.
Il ne faut pas croire que cette sortie sonne le glas du divorce entre l’UFC et le régime (RPT d’hier et UNIR d’aujourd’hui). C’est juste une façon pour la victime de Soudou de donner de la voix et rappeler à tous les acteurs qu’il n’est pas devenu un simple trophée d’exhibition. Il  serait donc exagéré de dire que Faure a perdu un soutien de taille car il n’a jamais été dans le programme de Gilchrist de rester indéfiniment dans l’ombre de Faure. En faisant son choix de 2010, il se voyait plus dans la posture d’un Mandela qui faisait un compromis transitoire en attendant de reprendre le pouvoir au dernier président blanc. Sa stratégie a échoué car pris de court par ses lieutenants qui sont allés créer l’ANC version togolaise au moment où il avait besoin de surfer sur son mythe de premier opposant. Bref comme Edem Kodjo mis en minorité par le CAR devant le RPT, Gilchrist a été mis en minorité par les caciques de l’UFC devant le RPT.Cette situation était prévisible à cause de la mauvaise foi caractérisant le pouvoir en place et qui se traduit par le non-respect des accords signés de père en fils.
En revanche, le message de Gilchrist à l’endroit du président Faure au sujet de la présidentielle de 2020 est d’une maturité incontestable. Un repli de Faure en 2020 est sage car il vaut mieux prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge pour paraphraser Winston Churchill. Sinon il finira par voir les oiseaux déféquer sur sa tête à force de trainer sous l’arbre à palabre pour reprendre une pensée africaine.
 Certains diront qu’aucune loi ne l’empêche d’être candidat et que personne ne doit l’en dissuader. Mais il faut tout simplement que ces personnes prennent conscience du fait que cette crise togolaise qui malheureusement traverse les générations, n’a pas sa racine que dans les considérations juridiques de la dévolution et l’exercice du pouvoir, mais aussi a un caractère très historique. C’est un affront national que de se savoir gouverner par une seule famille sur plus d’un demi-siècle alors même qu’on dit être dans une République, un Etat de droit. Et cet affront, les Togolais veulent le laver peu importe leur appartenance politique ethnique ou religieuse.  Pour vous dire que même au sein du parti UNIR, les gens souhaitent ardemment un changement à la tête de l’Etat. Mais la peur de subir peut-être le même sort que les anciens ministres Boko, Bodjona et compagnie résigne plus d’un.
Faure peut remercier son Grand Frère et ami Gilchrist d’avoir pris position pour qu’il quitte le pouvoir en toute dignité.
 Aujourd’hui que Gilchrist Olympio semble lâcher Faure Gnassingbé, pensez-vous que ce soit un tournant décisif dans la crise sociopolitique que traverse le Togo?
Balle à terre. Gilchrist a donné sa position. Il revient au groupe des 14 de savoir comment le capitaliser. Somme toute, cet élément nouveau dans l’atmosphère politique déjà morose, ne peut constituer un tournant décisif dans la crise puisque les protagonistes de la crise sont bien connus et les tractations sont déjà mises en branle pour la tenue d’un dialogue qui puisse s’ouvrir sur une sortie de crise afin de soulager les souffrances des Togolais. La crainte reste l’interprétation que chaque partie fait du dialogue annoncé.
 Parlant de cette crise, des tractations sont en cours pour la tenue prochaine d’un dialogue. On a vu le président guinéen Alpha Condé recevoir les leaders de certains politiques en France ; on a aussi vu des émissaires du président ghanéen et ce dernier lui-même arriver au Togo. Quelle devrait être l’attitude de chacune des deux parties pour que ce dialogue soit le dernier et que l’on connaisse une issue définitive à la crise sociopolitique au Togo?
Effectivement, les tractations sont en cours pour l’ouverture très prochaine d’un dialogue. Mais eu égard aux discours qu’ont tenu certains leaders de la coalition de l’opposition au sujet de l’option du dialogue, on ne peut pas s’attendre à autre chose qu’un dialogue par procuration car les vrais protagonistes ne seront pas autour du dialogue. Il faut également rappeler qu’il y a une grave crise de confiance entre pouvoir et opposition qui trouve ses racines dans le triste sort ornemental qu’ont connu tous les accords politiques passés. C’est un secret de polichinelle. C’est d’ailleurs sur ça que voudrait jouer la coalition en disant que si leur plate-forme revendicative ne pouvait immédiatement être considérée, alors Faure devra démissionner puisqu’au vu de la longueur de la liste des accords et dialogues politiques stériles, rien ne leur garantit la sincérité d’un prochain dialogue.
Heureusement, je puis dire que sur la pression des tiers, les acteurs commencent par faire preuve de volonté et de disponibilité au dialogue, qui, comme on peut le remarquer, n’est pas irréfragable. Mais encore faut-il que déjà les acteurs adoptent une posture d’apaisement pour susciter un climat de quiétude afin de favoriser la convivialité entre les protagonistes. Et je crois que c’est à ce titre que le chef de l’Etat a pris au cours de cette semaine, certaines mesures non négligeables telles que la levée de l’état de siège sur la ville de Sokodé, la libération du docteur Samah, SG du Parti National Panafricain, sans oublier la libération en début de mois d’une quarantaine de personnes arbitrairement arrêtées puis détenues lors des manifestations de l’opposition, de même que la restitution des engins saisis lors de la marche du 7 septembre et aussi la levée de la procédure de contrôle judiciaire qui pesait sur Jean Pierre Fabre relativement au dossier de l’incendie des marchés de Lomé et de Kara.
Il est vrai que ces mesures restent en deçà des attentes formulées, surtout en ce qui concerne la libération des personnes arbitrairement détenues et aussi de la cessation de la chasse aux sorcières et de la répression des manifestations qui malheureusement continue dans certaines localités. Néanmoins il faut reconnaitre qu’un pas a été posé et inciter le chef de l’Etat à faire mieux.
De même du côté de l’opposition, même si la stratégie est désormais d’allier pression de la rue et dialogue, il serait raisonnable de donner un congé technique aux marcheurs et tendre progressivement vers des sit-in stratégiques. Il ne sert à rien de maintenir la tension électrique.
Aussi vais-je ajouter que tous les acteurs doivent revoir leurs discours ainsi que leur stratégie de communication afin de ne plus embraser le pays comme ce fut le cas depuis la veille du 19 août 2017. Un clin d’œil particulier sur ce point au Colonel Yark qui devrait faire plus dans la protection des civils que de jouer au chargé de communication du parti UNIR.
Enfin, j’exhorte tous les acteurs à être raisonnables et pragmatiques dans leurs prétentions et surtout de mettre en premier plan l’intérêt général qui se définit à travers les aspirations légitimes et clairement exprimées par le peuple. Et ces aspirations, je n’ai nul doute, sont contenues dans le rapport de la Commission sur les réformes même si nous pouvons dire qu’elles ne diffèrent en rien aux conclusions de l’APG signé en 2006 et qui n’a pas suffi malgré tout à éviter au Togo la crise actuelle.
Ce qui m’amène donc à insister sur le fait que chaque partie doit faire preuve de sincérité et de bonne foi, tout en mettant un accent particulier sur la part importante de la responsabilité du gouvernement dans l’aboutissement ou non du prochain dialogue. Ce qui n’exclue pas la responsabilité de l’opposition qui devra savoir raison gardée et être pragmatique. Au lieu de chanter la démission de Faure, elle devra plutôt entonner les revendications permettant de corriger un quart de siècle de rendez-vous manqués.
 Pendant ce temps, la coalition des 14 partis de l’opposition continue de manifester et dit utiliser ainsi sa seule arme pour maintenir la pression. Trouvez-vous opportunes ces manifestations ?
Je n’ai pu m’empêcher de le mentionner dans la question précédente. En réalité dire que ces manifestations que continue la coalition des 14 partis sont inopportunes, je ne le puis. Cette stratégie n’est que la résultante de l’histoire politique du pays. La crise de confiance a tellement gangréné la scène politique que l’opposition a peur de tomber encore dans le piège du marché de dupe qui a très longtemps caractérisé le système dépositaire du pouvoir depuis 1967.
Néanmoins je les invite à apprendre des dérapages de la grève générale illimitée tout comme des succès obtenus avant l’adoption de la charte des partis politiques.
Pour finir, abordons la tournée africaine du président français. Emmanuel Macron a prononcé un discours à l’Université de Ouagadougou 1 ; un discours dans lequel il semble appeler les dirigeants africains à plus d’actions à l’égard de leurs populations. Beaucoup ont aussi relevé une « humiliation » à l’endroit de son homologue Christian Kaboré. Une analyse de tout ceci?
 Une humiliation à l’endroit de son homologue Christian Kabore ? Pour moi, c’est une levée de bouclée émotive. S’il a fallu attendre l’arrivée de Macron pour climatiser des amphithéâtres, on ne doit pas être surpris d’être pris pour un technicien du froid. S’il a fallu l’arrivée de Macron pour que le Président se retrouve devant les étudiants, il ne faut pas être surpris de voir les étudiants aborder des questions qui n’ont rien à voir avec le visiteur. Par ailleurs, reconnaissons-le ! Même si les questions étaient contextualisées aux préoccupations de la jeunesse Burkinabè, aussi bien que son discours s’adressait à toute l’Afrique, autant ses ironies visent toute l’Afrique. C’est tout à fait normal quand on a des carences en bonne gouvernance de se voir interpellé. La Chine ne fut-elle pas colonisée ? Que dirons-nous des Etats-Unis ? Dites-moi si c’est leur métropole qui continue par leur dicter leur politique ou leur ligne de gouvernance ? L’Afrique doit se réveiller.
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions.
Au-delà de l’honneur que vous me faites en m’invitant, c’est un devoir pour moi de penser l’avenir et le meilleur devenir de mon pays, mon continent et du monde entier. Alors merci à vous aussi de m’avoir donné l’opportunité de m’en acquitter.
 Interview réalisée à Lomé par Arafat DJAONA pour Soleil FM Guinée