Il suffit de faire un tour au palais du Canton d’Aflao Sagbado tous les jeudis, déjà à 6h du matin jusqu’au soir pour comprendre que les valeurs traditionnelles ne sont pas complètement bafouées dans notre société. C’est le jour des audiences publiques et le garant des us et coutumes n’a aucun temps libre. Les affaires les plus récurrentes sont entre autres : les conflits fonciers, les conflits familiaux et les conflits relatifs à la religion. Et avec professionnalisme et conformément à la tradition sans mettre complètement à l’écart les lois en vigueur dans le pays, le Chef canton Togbui Edem Sémékonawo arrive au bout en faisant la conciliation entre les différents protagonistes. Souvent, ce sont des affaires très délicates que même la justice moderne ne pouvait pas trancher. Ce qui démontre que la chefferie traditionnelle mérite une place privilégiée dans la cité. Le constat est là, que les imminents juristes fassent un tour dans les palais surtout à Aflao Sagbado pour comprendre ce que nous voulons expliquer.
C’est ainsi que comme dans tous les secteurs, les palais sont frappés par la crise sanitaire liée au coronavirus.
La maladie est une réalité et menace. Mais cela n’exclut pas les autres problèmes de société. Les litiges fonciers, les conflits de foyer etc. existent toujours. Et tant que ces problèmes existent, il doit falloir qu’ont les résoudre. Mais comment peut-on le faire, vu que la Covid-19 menace et impose ses propres lois.
Le Col Djibril Mahama a donné la réponse : il faut apprendre à vivre avec la pandémie. Un message bien reçu par Sa Majesté Edem Sémékonawo. Pour cet homme à l’instar d’autres personnalités, « le respect des mesures barrières doit être l’unique moyen pour éviter le danger, tout en continuant de faire marcher les activités dans tous les secteurs ».
Et pour y arriver, tout arsenal juridico-moderne ou ‘’juridico-traditionnel’’ doit être mise en place pour rappeler à l’ordre les anticonformistes.
À cet effet, les audiences publiques sont maintenues dans le palais de Togbui Sémékonawo mais dans un strict respect des mesures barrières.
« Premièrement, je ne prends plus de 20 personnes (au maximum) dans mon palais, peu importe l’affaire. À l’arrivée des personnes convoquées, elles sont obligées de laver proprement les mains, j’ai un notable qui fait le gendarme à ce niveau. Et après cette étape, elles sont obligées de s’asseoir conformément à la distanciation sociale c’est-à-dire 1 m ou même 2 m entre les personnes. Maintenant, là où je sanctionne, est quand tu rentres dans mon palais sans porter de cache nez. Automatiquement, nous sanctionnons, car primo, on te considère comme un danger public et secundo, on te considère comme un ‘’véreux ” citoyen incivique, amoral et indiscipliné. Et comme nous sommes dans un palais, c’est-à-dire dans le secteur traditionnel, la sanction est conforme aux us et coutumes. L’individu est amendé avec deux litres de sodabi, un litre de Gin et en plus, il retourne ailleurs pour aller chercher et porter un cache-nez avant de revenir à l’audience. Quand j’ai faits ça aux gens à 2 audiences, j’ai constaté que tout le monde se conforme maintenant à la loi », nous a confié Togbuigan.
Mais la clémence et la générosité du Chef canton l’obligent parfois à venir en aide aux personnes vulnérables. C’est pourquoi, il a un stock spécial de cache-nez pour remettre à certains nécessiteux lors des audiences.
D’ailleurs, Sa Majesté attend faire une descente dans les écoles de son territoire pour faire remise de don des bavettes aux élèves en classe d’examens, dans la continuité de l’action gouvernementale.
Le chantier est vaste à Aflao Sagbado. Mais nous avons une grande vision pour notre canton. Nous attendons juste que la trompette sonne. C’est moi seul qui sais de quelle trompette je parle. Mais nous croyons en Dieu et nous avons foi que notre canton deviendra un eldorado comme ce que nous voyons à l’extérieur », a déclaré le garant des us et coutumes.
Reportage réalisé par la rédaction de Flashinfotogo