Togo: un émissaire du président ghanéen rencontre la C14 cet après-midi

Cette visite du ministre ghanéen intervient au moment où le dialogue ouvert entre les acteurs politiques togolais le 19 février dernier est au point mort, et où des incompréhensions sont nées au sein de la coalition des 14 partis d’opposition quant à la reprise ou non des manifestations politiques.

Selon les indiscrétions, Albert Kan-Dapaah devrait écouter les premiers responsables de la coalition sur les mobiles qui expliqueraient une éventuelle reprise des manifestations alors même que le dialogue devrait se rouvrir très prochainement. Le messager de Nana Akufo-Addo pourrait, semble-t-il, aussi rassurer la C14 quant à la ferme volonté du président ghanéen d’œuvrer à la résolution de la crise politique actuelle, à travers le dialogue.

Alors que le Parti national panafricain (Pnp) a annoncé la reprise des manifestations entre le 20 et le 24 mars, le porte-parole de la coalition, Eric Dupuy, a déclaré dimanche 18 mars sur une radio de la place que le regroupement n’avait appelé les populations à « aucune manifestation ». Le responsable a ouvertement accusé le PNP de Tikpi Atchadam de violer les règles établies dans le groupe en allant « un peu trop vite en besogne ».

« La coalition n’a jamais publié un communiqué appelant à une manifestation. Cependant, la coalition a écrit à titre conservatoire au ministre de l’administration territoriale pour l’informer d’un projet de manifestation la semaine prochaine », a précisé Eric Dupuy.

Togo – Affaire de passage à tabac à Kparatao : la CNDH accuse la C14

Dans un communiqué rendu public vendredi soir, la Cndh affirme avoir mené des investigations à Kparatao, suite aux « informations diffusées sur les réseaux sociaux, relayées par certains médias nationaux et internationaux et confirmées par les 14 partis de l’opposition faisant état de ce que dans la nuit du 24 au 25 février 2018, le canton de Kparatao dans la préfecture de Tchaoudjo, a été encerclé par un bataillon militaire qui aurait passé à tabac les habitants de la localité ».

Tout en confirmant la présence des militaires dans cette localité cette nuit-là, la Cndh affirme que cela relève « d’un simple contrôle de routine » et que « le passage à tabac évoqué n’est pas avéré ». Pour la commission présidée Alilou Sam-Dja Cissé, ce sont « des rumeurs alarmistes de nature à semer la confusion et la psychose au sein des paisibles populations ».

Déplorant cet état de chose,  « la Cndh appelle la classe politique et la population togolaise dans son ensemble à la modération et à se départir de tout propos ou comportement susceptibles de nuire au dialogue politique en cours »

Dernièrement, c’est le ministre de la Sécurité qui démentait ces allégations. « Rien ne s’est passé à Kparatao  dans la nuit du 24 au 25 février 2018», a affirmé Damehame Yark devant la presse le 7 mars dernier.

Depuis les manifestations du 19 août 2017, les villes de Sokodé, Bafilo et Mango sont assiégées par des militaires au motif que des armes « arrachées aux militaires » seraient encore dans la nature. Les organisations de la société civile dénoncent régulièrement de graves atteintes aux droits de l’homme dans ces localités.

 

Togo – Dialogue : comprendre les mécanismes de la médiation avec Me Tchassona-Traoré

Courrier d’Afrique : Me Tchassona-Traoré, qu’est-ce que la médiation?

Mouhamed Tchassona-Traoré: La médiation est une recherche ensemble, d’une solution juste et équitable pour résoudre un litige, avec l’aide d’une personne impartiale et neutre, à la satisfaction de toutes les parties. Pour enclencher le processus de médiation, le litige doit exister. Par contre l’utilisation des techniques du médiateur peut aider à éviter des conflits futurs et non encore existants. Ici le litige est compris au sens large du terme : on peut parler de litige dès lors qu’il existe des intérêts opposés entre deux ou plusieurs acteurs.

Chaque mot dans cette définition a, comme il se doit, son importance. L’analyse de cette définition met en valeur la médiation et sa spécificité. La médiation est une recherche qui suppose un chemin à parcourir ou un processus à suivre et une certaine activité, contrairement à d’autres modes de résolution de conflits dans lesquels les parties sont souvent soumises au processus de résolution, sans (inter)action personnelle.

Cette définition met en évidence l’implication des parties elles-mêmes dans la résolution de leur conflit, une des choses essentielles de la médiation.

La recherche, comprise dans cette définition, nécessite, de par l’interaction requise, aussi la libre volonté des parties de participer au processus de médiation, d’en accepter les règles et la volonté d’arriver à une solution : elle suppose une certaine motivation.

La médiation est une recherche ensemble dans laquelle ce sont les parties elles-mêmes, accompagnées du médiateur, qui vont chercher la solution à leur conflit. En plus, ce ne sont pas seulement les parties mêmes, mais ce sont les parties ensemble et, d’habitude, rassemblées qui vont faire le travail. C’est exactement ce rassemblement des parties dans un élan positif et cette nécessité de collaboration et de coopération qui permet une interaction constructive et donne sa valeur spécifique au processus de médiation. Jusqu’ici, la coalition comme la partie gouvernementale sont dans cette dynamique, même si l’exercice reste encore laborieux.

La solution ou les solutions retenues doivent être vérifiées quant à leur possibilité juridique et réelle, sans perdre de vue l’équité. L’équité ou la solution équitable est ce qui donne la grande liberté qu’ont les parties dans un processus de médiation : la solution ne doit en effet qu’être équitable à leurs yeux et pour leur situation concrète. Ceci veut dire que les parties ne sont pas nécessairement à la recherche d’une égalité stricte, qui limite les options possibles et la liberté de choisir.

La résolution du conflit peut se faire également avec l’aide d’une personne. La recherche avec la seule aide d’une personne et non par cette personne, reflète de nouveau l’implication personnelle des parties en cause et leur travail personnel dans la recherche de la solution à leur conflit.

Le travail du médiateur « se limite » à créer un cadre et à donner une structure aux parties afin de faciliter la recherche par les parties et de permettre que celle-ci soit active et constructive.

Le médiateur doit revêtir la double qualité d’une personne impartiale et neutre. L’impartialité et la neutralité se complètent et sont d’essentielles attitudes du médiateur afin de conserver la confiance qu’il doit recevoir des parties.

Pourtant cette impartialité et cette neutralité doivent être comprises dans un sens positif repris dans le mot multi-partialité de sorte que durant le processus de médiation, le médiateur prendra parfois partie pour l’un, parfois pour l’autre, tout en veillant à maintenir un équilibre comme de l’empathie, c’est-à-dire la capacité du médiateur de vivre l’histoire de la personne concernée comme celle-ci l’a vécue, de reconnaître le vécu, sans que cette empathie influence sa neutralité.

La satisfaction requise reflète la libre volonté des parties, si les parties ne sont pas satisfaites, il sera très difficile de les amener à travailler d’une manière constructive à la résolution de leur conflit. Il faut la satisfaction de toutes les parties et donc aussi des parties non-présentes, par exemples dans le cas de la crise togolaise, le peuple dans une large mesure.

Le médiateur veillera au respect des intérêts de toutes les parties concernées, sans prépondérance pour l’une ou l’autre partie.

CA : Et si on transpose tout ça dans le cas togolais, que peut-on retenir ?

MTT : Nous constatons dans l’exercice qui est le nôtre au Togo, une grande impatience et parfois du scepticisme chez nos compatriotes quant à l’aboutissement du processus en cours. Pourtant, nous pouvons, au regard du développement ci-dessus, affirmer sans l’ombre d’un doute, que le processus de dialogue et de la médiation tient le cap de l’espérance et de espoir de résolution pour peu que nous y croyions et donnions toute sa chance de réussite au médiateur dans la recherche de solutions équitables pour sortir de la crise.

CA : Quel doit être le rôle du médiateur dans tout ça?

MTT : Le rôle du médiateur est de créer un cadre, de donner une structure et d’informer, sans aviser. Ce cadre et cette structure spécifiques rendent possible une coopération, et si non une coopération, au moins un travail dans une même direction, ils facilitent la discussion et rétablissent le dialogue : le médiateur est parfois appelé « facilitateur»

Le médiateur va canaliser les émotions, sans les supprimer, rechercher les besoins réels en clarifiant ce que disent les parties et il va obliger les parties à s’écouter, et en s’écoutant à se comprendre : pourquoi l’autre dit ce qu’il dit, de la façon dont il le dit. La compréhension de la prise de position de l’autre et de la façon d’agir de l’autre, rend l’acceptation de la différence d’autant plus facile. Pourtant mener les parties à se comprendre, n’est pas les pousser à se réconcilier, la compréhension n’implique pas et ne nécessite pas l’accord : le médiateur ne recherche pas la (ré) conciliation, mais bien l’accord par l’écoute, la compréhension et le respect.

CA : Parlez-nous brièvement des différentes étapes du processus de médiation

MTT : Les différentes écoles utilisent différents modèles, toutefois il existe des points de similitude. Le processus de médiation commence dans un premier temps par une courte évaluation de la situation afin de déterminer si le problème est abordable par la médiation et par le médiateur en question. Ensuite par l’installation du cadre dans lequel se déroulera la médiation : les explications quant à la médiation même sont données, les règles à suivre par les parties sont expliquées, un accord est atteint entre le médiateur et les parties en conflit.

La vérification de la prise de décision, suivie par la recherche des besoins réels des parties est aussi une étape importante du processus de médiation.

Mais le gros travail est fait lorsque les besoins réels des parties sont clairement cernés ( les revendications de la coalition et les réponses du gouvernement) et une liste d’options possibles est établie. Le choix de l’option ou des options à retenir se fait en comparaison aux besoins des parties. In fine, après le choix final les accords sont conclus et actés.

CA : La médiation a-t-elle une valeur, une utilité ? Si oui, laquelle ?

MTT : La question sur l’utilité de la médiation ne demande pas beaucoup d’explications, vu que le simple fait d’avoir une « nouvelle » ou une autre façon de gérer un conflit, à côté des manières déjà existantes, suffit pour confirmer son utilité, il y a assez de conflits pour permettre la réflexion sur la gestion de conflits en général et l’élaboration de nouveaux modes de gestion.

Confirmer le contraire serait dire qu’il existe déjà suffisamment de modes de gestions de conflit et qu’il n’en faut pas d’autres… ! C’est plutôt par l’analyse de la spécificité de la médiation que l’on peut se rendre compte de sa valeur et de l’importante place qu’elle pourrait prendre.

D’abord la libre volonté et la nécessité d’une implication personnelle responsabilisent les parties et leur permettent de tenir ou de reprendre les choses en main :

Ensuite, la recherche d’une certaine tranquillité (peace of mind), à une époque où rien ne va assez vite, renvoie directement à la médiation, qui permet la recherche non-violente d’une solution ressentie comme équitable par tous dans un laps de temps relativement réduit, ce qui renvoie à une autre caractéristique non-négligeable de la médiation : le coût et la durée de la médiation. Le coût et la durée du processus de médiation sont habituellement réduits, surtout quand on les compare aux autres modes de résolution de conflits (les pertes matérielles et en vies humaines dans les conflits armés et revendications révolutionnaires)

Par ailleurs l’accord par l’écoute, la compréhension et le dialogue rend la solution retenue non seulement plus facile à respecter, surtout si ce n’est pas du tout ce qu’une ou les différentes parties avaient imaginé comme la/leur solution idéale au conflit, mais la rend aussi défendable vis-à-vis des tiers mentionnés plus haut. La solution finale aura en effet été choisie par les parties-mêmes, en connaissance (approfondie) de cause.

 

Un an après la mort de Nadjinoudine Alabi, la LCT exige l’ouverture d’une enquête

Dans un communiqué rendu public ce jeudi, la Ligue des Consommateurs Togolais, après avoir  rappelé les circonstances du décès de Nadjinoudine Alabi, revient sur la promesse faite à l’époque par le ministère de la Sécurité dans le sens de l’ouverture d’une enquête. « Dans la foulée et sur demande des organisations de consommateurs et des droits de l’homme, le Ministère de la sécurité avait promis que des enquêtes allaient s’ouvrir pour élucider et punir les auteurs responsables de la mort du jeune conducteur décédé », peut-on lire dans le document signé d’Emmanuel Sogadji, président de la LCT.

Pour la Ligue, il est inconcevable qu’un an après, « la famille de la victime ainsi que l’ensemble des Togolais soient restés sans moindre détail sur la suite du dossier ». C’est pourquoi elle « réitère sa demande d’ouvrir une enquête sur les circonstances du décès du jeune par le parquet pour que les auteurs soient punis selon la rigueur de la loi ».

Dans la nuit du 28 février 2017, le gouvernement avait procédé à l’augmentation à hauteur de 10% des prix des produits pétroliers, la deuxième dans l’intervalle d’un mois. Le lendemain, le 1er mars donc, une manifestation spontanée  des chauffeurs de taxis et taxis-motos s’était déclenchée, entraînant la mort du sieur Nadjinoudine Alabi. “Le gouvernement  avait déploré et condamné ces manifestations de rues qui ont fait un mort et un blessé par arme à feu parmi les manifestants ainsi que plusieurs blessés dans les rangs des forces de sécurité“, selon un communiqué lu à la télévision nationale.

 

 

Togo: 1500 élus locaux cette année!

Payadowa Boukpessi a précisé que le nombre d’élus locaux serait de 1.500.

Il a également confirmé que les élections législatives se tiendront cette année, probablement au mois de juillet qui correspond à la fin de la législature.

Tout comme le président de la République, les députés ne pourront effectuer plus de deux mandats selon les termes de la réforme constitutionnelle en projet. Un moyen de faire émerger de nouvelles compétences et de rajeunir le personnel politique. Une mesure qui devrait chagriner certains dans les rangs de la majorité présidentielle où des caciques du défunt RPT (Rassemblement du peuple togolais) ont été ressuscités à travers un comité dit des “sages” nouvellement mis en place au sein d’UNIR (Union pour la république). Des acteurs de l’opposition qui ont fait de la politique une carrière professionnelle depuis au moins trois générations, ne devraient pas non plus apprécier cette mesure si elle venait à être  adoptée.

Togo: une délégation de la coalition de l’opposition à Conakry et Accra lundi et mardi

Jean-Pierre Fabre, Tikpi Atchadam, Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson, Paul Dodji Apevon et Aimé Tchabouré Gogué, ils sont cinq responsables de la C14 à être reçus lundi 15 janvier à Conakry par Alpha Condé. Au menu, la situation politique actuelle au Togo, avec en toile de fond la question du dialogue. Dans une récente rencontre à Paris, le président guinéen avait déjà donné son avis sur la question. Pour Alpha Condé qui avait œuvré à la libération des imams arrêtés à Sokodé et Bafilo, l’opposition togolaise devait suspendre ses manifestations pour donner une chance au dialogue. Va-t-il garder la même position face aux 5 délégués de la coalition ? Rien n’est moins sûr !

Mardi, la délégation devra ensuite se rendre à Accra où elle rencontrera Nana Akufo-Ado très imbibé de l’actualité politique togolaise et fortement impliqué dans la résolution de la crise actuelle.

Le dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) a donné son onction à la médiation ghanéenne appuyée désormais par celle du Bénin et du Burkina-Faso.

De sources bien introduites, lors d’une rencontre vendredi à Lomé, la société civile togolaise aurait exhorté la coalition à« faire preuve de souplesse devant les médiateurs ». Alors Jean-Pierre et sa suite accepteront-ils de surseoir aux manifestations pour entrer en négociation avec le pouvoir de Lomé, si les deux chefs d’Etat leur font à nouveau la demande? Les choses ne seront pas aussi faciles.

Une autre source confie à la rédaction de Courrier d’Afrique que le gouvernement togolais pourrait faire une « grande annonce » en début de semaine. S’agira-t-il du dialogue ou du chronogramme du référendum ? En se référant au message du chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, du 3 janvier, rien ne devrait surprendre.

Tikpi Atchadam, un opposant trop précautionneux ou paranoïaque ?

Ils s’économisent de toute critique publique entre petits camarades et préfèrent réserver leurs coups à l’adversaire. Esprit d’équipe. Profitant de cet accord de non-agression mutuelle et au grand dam des autres membres de la coalition, Tipki Atchadam se fait rare sur le pavé préférant s’adresser directement au peuple par des messages audio personnalisés, sans égard parfois pour la discipline de coalition. À titre d’exemple, l’énigmatique opération « dos à la mer », lancée tambour battant par le leader du PNP sur les réseaux sociaux, n’a pas été reprise par les autres responsables de la coalition, révélant au grand jour les limites de cette stratégie du cavalier seul en connexion directe avec le peuple en révolte. Motif invoqué pour justifier ce basculement dans la clandestinité ? Menace de mort ou d’arrestation contre le leader de la contestation du 19 août 2017 qui se vit de plus en plus comme un homme providentiel voire un prophète. Une chose est sûre, cette attitude exaspère ses partenaires de la coalition, dont certains, comme Francis Pédro Amuzun et Edem Atantsi de l’ANC, qui ne se gênent pas pour casser du sucre dans le dos du « général absent », de l’« exilé volontaire » d’un parti qui n’a jamais affronté l’épreuve de feu du suffrage universel. L’exil de Tikpi Atchadam est-il volontaire ou de complaisance ? Faut-il le considérer comme un persécuté ou un déserteur ? La question bouillonne sous les marmites de la coalition qui se refuse pour le moment à se déchirer en public.

En contre-pied de la conspiration du silence qui règne dans une certaine presse, de rares observateurs osent braver la mise au pas des esprits et rompre avec l’occultation des questions vénéneuses. Ces questions brûlantes peuvent être résumées à trois. Que penser de la désertion du front des marches par le chef des « guerriers de Tchaoudjo » ? À quoi répond le cache-cache politique auquel Tikpi Atchadam se livre depuis plusieurs semaines? Est-il réellement menacé ou feint-il d’être persécuté dans une visée stratégique et politicienne ? Réponses ou tentatives de réponses.

Délire de persécution

L’argument a été subrepticement suggéré au détour d’un portrait publié sur LeMonde.fr le 29 septembre 2017 par Christophe Châtelot, un des envoyés spéciaux du journal français à Lomé, aux temps forts de la contestation. Dans l’article, il brosse l’image d’un « révolutionnaire aux abois », conscient que le Togo n’est plus une dictature «sanglante», mais qui prend des « faux airs de bête traquée ». Ainsi, quand Atchadam reçoit le journaliste français dans sa villa d’Agoè, ce dernier est frappé par l’excès de mise en scène de sa sécurité et le « garde du corps taillé dans le roc (qui) surveille l’entrée, une radio Motorola à la ceinture ». Alors même qu’il tentait de persuader son interlocuteur que le pouvoir était en train de monter un hypothétique « dossier » contre lui, son portraitiste conclut qu’il faisait montre d’une « petite paranoïa », d’un « excès de prudence » ou d’un astucieux « calcul politique ».

Point n’est question de nier que l’histoire politique togolaise ait été jalonnée d’assassinats politiques, dont les plus notoires furent ceux de Tavio Amorin, Marc Atidépé, Djobo Boukari etc. Néanmoins, force est de constater que les temps ont changé. Depuis l’avènement de Faure Gnassingbé pouvoir au en 2005, le régime n’a plus recours à l’élimination physique des adversaires politiques. Malgré les soupçons, preuve n’a pas été formellement établie de l’implication des sbires de Lomé II dans la mort de l’historien et homme politique togolais Atsutsè Kokouvi Agbobli, retrouvé mort le 15 août 2008 sur une plage de Lomé. Outre l’énigme Agbobli, le 26 décembre 2017, des accusations de tentatives d’assassinats ont été professées par les leaders de l’ANC contre le ministre Yark et Faure Gnassingbé lui-même. Une plainte a été déposée en ce sens par le parti de Jean Pierre Fabre devant la justice. Atsutsè Kokouvi Agbobli représentait-il une menace réelle pour le pouvoir de Faure Gnassingbé? Quid d’Éric Dupuy? Au point de vouloir les éliminer physiquement?

Quant au risque de finir dans les geôles du pouvoir, l’affaire de l’incendie des marchés a prouvé qu’on pouvait avoir une affaire aux basques sans être entravé politiquement. L’inculpation des leaders de la Coalition Sauvons le Togo (CST) en 2013 n’a pas empêché Agbéyomé Kodjo ou Jean-Pierre Fabre de poursuivre leurs carrières politiques. Le premier a échoué à se faire réélire député au Parlement en juillet 2013 ; contrairement au second, élu député et battu à la présidentielle de 2015.

Alors Tikpi Atchadam est-il trop prudent ou risque-t-il vraiment sa vie ou sa liberté ? En l’état actuel, s’il est persuadé que sa vie est réellement menacée, cela relève d’un délire paranoïde surexagérant le risque encouru par sa personne. Étant donné qu’il reconnait lui-même que la « nature » du régime de Faure n’a d’Eyadema que le patronyme Gnassingbé. On peut donc risquer l’hypothèse d’une instrumentalisation de la menace pour faire monter sa popularité et se disculper en cas d’échec de la contestation. Une manière très habile de participer à la contestation par procuration, et qui, de façon diablement machiavélique tirerait le drap de son côté en cas de succès et rejetterait la faute sur ses camarades en cas d’échec.

Invisibilisation et starisation

La politique, c’est un art du spectacle. On parle de « scène politique » ou des « acteurs politiques » rivalisant d’ingéniosité pour se faire aduler des masses. On aimerait croire que la politique est un métier sérieux dont les professionnels privilégient le fond au détriment de la forme, malheureusement les arguments importent souvent peu face au pouvoir de la mise en scène. Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée pour convaincre ; il faut savoir la vendre au public cible. Tous les moyens sont bons pour séduire un électorat. Et pour se faire, les acteurs politiques recourent à toutes sortes d’artifices.

L’invisibilisation de Tikpi Atchadam participe plus de son jeu d’acteur politique studio qu’il travaille dans le huis clos de son bunker que de la perception d’une hypothétique menace sur sa vie et sa liberté. Elle participe d’une stratégie politique bien pensée qui consiste à se faire passer pour l’adversaire numéro un du pouvoir actuel. Un opposant plus qu’opposant. Tant pis si Faure Gnassingbé ne voit en lui qu’un extrémiste tribaliste et une cinquième colonne djihadiste à la solde des pétromonarchies du Golfe.

Paradoxalement, la mayonnaise Atchadam prend au détriment de la soupe de l’omniprésent et inépuisable marcheur de fond, Jean Pierre Fabre. L’invisibilité de l’alter ego du chef ne tenant plus qu’à un fil de l’opposition, en cultivant la rareté dans ses apparitions auprès des foules, alimente les fantasmes et exerce une emprise forte sur celles-ci. Loin des yeux, proche du cœur, dit l’adage. Le marché de dupes qui lie les deux hommes est en train de se retourner contre Jean Pierre Fabre qui risque de se faire siphonner son électorat séduit par l’opération de charme de cette star politique montante.
Il faut ajouter que ce manège est décuplé par la bienveillance apparente des médias nationaux comme internationaux qui ne cessent de multiplier des portraits élogieux, des interviews exclusives et de relayer les éléments de langage d’Atchadam depuis son trou. Sans coup férir, Tikpi Atchadam peut ainsi faire courir le bruit qu’il vit caché à Lomé, qu’il est traqué, écouté et menacé de mort, sans susciter la moindre objection dans la presse. Sauf s’il s’est doté d’un téléphone satellitaire non traçable par les services de renseignements togolais, on a du mal à comprendre pourquoi sa cavale dure toujours, étant donné les interviews téléphoniques qu’il multiplie depuis sa cachette. Vraisemblablement, il n’est pas en prison parce que le pouvoir n’a rien à lui reprocher et que personne ne lui court après.

Autre fait étrange aux yeux des observateurs lucides, c’est quand il sort de sa cachette pour franchir les frontières et se rendre en Guinée ou en France sans se faire arraisonner aux frontières et s’en retourne se terrer dans sa tanière. Avouons que cette liberté de mouvement pour le « Most Wanted» politique de la décennie au Togo est très troublante.

Contradictoirement, une arrestation de Tikpi Atchadam pourrait donner un coup de pouce décisif à la contestation et envenimer la situation. Elle provoquerait une secousse dix fois supérieure à celle provoquée par l’arrestation de l’imam de Sokodé. Par exemple, toutes répressions et censures des foules en colère tombant, elles n’hésiteraient pas à fondre sur Lomé II. C’est peut-être cela le « point critique » que le leader du PNP escompte depuis septembre 2017 pour renverser le pouvoir de Faure Gnassingbé. Alors un peu de courage, cher Tikpi Atchadam ! Un peu de don de soi et la lutte sera conclue. Les martyrs tombés depuis le 19 août 2017 valent bien ce petit sacrifice. Comme l’écrivit le philosophe dissident tchèque Jan Patocka, alors sous le joug soviétique : « une vie qui n’est pas disposée à se sacrifier à son sens ne mérite pas d’être vécue ». L’héroïsme révolutionnaire a un prix.

Radjoul MOUHAMADOU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pétrole ou pas, l’essentiel est ailleurs…

C’est un extrait de l’émission “Le Monde en 7”, animée sur la chaîne de télévision New World Info, posté sur les réseaux sociaux, qui fait jaser depuis la semaine dernière. Dans cet extrait, Thomas Koumou de Veille Economique donne des chiffres qui font froid dans le dos. Selon l’économiste qui se fonde sur un rapport de la Banque centrale d’Afrique de l’ouest (Bceao), le Togo exporterait du pétrole. Nous sommes le 30 décembre 2017. De quoi déchaîner une avalanche de commentaires tant dans les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux.

Mais quelques jours plus tard,Thomas Koumou publiera un communiqué pour relativiser sa position.

“Nous avons publié des informations relatives à l’exportation du pétrole par le Togo. En effet, cette information figure dans le rapport de la Banque de France (sources BECEAO). Dans l’analyse comparative avec les autres pays, nous avons constaté que les mêmes chiffres figurent dans la monographie de la Cote d’Ivoire. Nous nous posons la question de savoir comment une telle similitude a pu être possible.

Dans l’attente de la confirmation de cette erreur de la part de la Banque de France, nous estimons que cette information doit pour l’instant être prise avec beaucoup de précaution.

Nous présentons nos excuses à tout le monde tout en précisant que nous avons donné les informations figurant exactement dans la partie consacrée au Togo en considérant que la source qu’est la Banque de France était l’une des plus crédibles possibles“, pouvait-on lire dans ce document rendu public le 4 janvier.

Certains avaient critiqué l’économiste d’avoir fait des “déclarations graves sur la base d’informations superficielles“.

Mardi en conférence de presse, le patron de la Bceao a formellement démenti l’information faisant croire que le Togo exporte du pétrole. « Le rapport annuel 2016 de la zone Franc contient en réalité une erreur de rapport dans la monographie économique du Togo. En effet les données attribuées au Togo relatives à la production du pétrole sont plutôt des statistiques sur la Côte d’Ivoire », a indiqué Kossi Tenou.

Comment une erreur d’une telle ampleur a pu glisser dans le rapport d’une aussi grande institution qu’est la Bceao? En octobre 2002, s’adressant aux étudiants qu’il recevait à son domicile, feu Général Gnassingbé Eyadema avait laissé entendre que “le 20 janvier 1999, des Norvégiens avaient découvert du pétrole au large des côtes togolaises”. “Si l’exploitation du pétrole devient une réalité, n’est-ce pas, je vous assure que l’inscription à l’université sera gratuite“, avait-il promis, d’un air plaisantin, aux étudiants partis lui demander des faveurs pour la réduction des frais d’inscription qui venaient d’être portés de 4500 f CFA à 50.000.

Depuis lors, le Togo exporte-t-il vraiment du pétrole? Si oui, depuis quand, où, par qui? En attendant de trouver des réponses à ces questions au demeurant légitimes, la jeunesse, à qui on a promis monts et merveilles, n’a plus la patience d’attendre la traduction des promesses du “mandat social” dans les faits. En attendant que le débat sur le pétrole revienne, le peuple, à qui on a promis l’alternance imminente meurt d’impatience de voir le miracle se réaliser. En attendant de savoir combien de barils sont produits par jour, les Togolais veulent savoir comment la crise actuelle déclenchée depuis le 19 août 2017 va se dénouer.

Pour le moment, du pétrole, nous en avons déjà dans nos lampes. Ne nous éloignez pas de l’essentiel, messieurs les politiciens, c’est-à-dire des problèmes que vous avez créés et que vous peinez à résoudre.

Togo : la LTDH s’indigne de la répression des manifestations et en appelle à un facilitateur international

Dans un communiqué rendu public vendredi, la Ltdh « constate avec amertume que le Gouvernement togolais ne faiblit pas dans la répression des manifestations publiques ». « Les forces de l’ordre ont, unique fois encore, fait preuve d’une barbarie exceptionnelle  dans la gestion des manifestations organisées par l’opposition togolaise », peut-on lire dans ce communiqué.

Pour l’association présidée par Me Célestin Agbogan, « aucune raison ne saurait justifier de telles violations des droits des citoyens manifestant pacifiquement dans un pays qui se veut État de droit ».

Ces faits, note la Ltdh, « contrastent hautement avec les mesures d’apaisement que le gouvernement a cru prendre et le dialogue auquel il invite la classe politique ».

C’est pourquoi elle en appelle constamment au sens de responsabilité du gouvernement et l’invite de nouveau à créer les conditions appropriées pour un dialogue franc et sincère, notamment, l’adoption de comportements plus honnêtes et  la désignation d’un facilitateur ou d’un médiateur international impartial, pour la tenue, dans un bref délai, du dialogue auquel il appelle, afin d’éviter l’enlisement de la crise.

Inquiète du danger que court le Togo en se mettant sur cette voie, la ligue interpelle pour la énième fois la  communauté internationale sur la situation du pays, au risque de voir la situation empirer « si aucune mesure plus sérieuse n’est prise dans le sens d’un règlement définitif de la crise sociopolitique togolaise ».

Jeudi 28 décembre 2018 en effet, une nouvelle manifestation de la coalition des 14 a été dispersée à coup de gaz  lacrymogènes au niveau du carrefour Deckon au centre-ville par les forces de l’ordre et de sécurité, faisant plusieurs blessés, et des arrestations. Selon le ministre en charge de la Sécurité, Damehame Yark, la marche n’avait pas pour point de chute Deckon. Un responsable de la coalition des 14 que nous avons contacté s’est dit indigné de ce comportement « du pouvoir de Lomé qui montre clairement qu’il n’a pas d’égard pour les responsables de l’opposition encore moins pour les citoyens qui ne partagent pas la même vision qu’eux ».

 

Togo: l’ATDPDH lance un programme de défense des droits humains

Composés de plusieurs acteurs formés en Droits Humains et en Citoyenneté, ce programme contribuera au renforcement du respect des droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance au Togo. Selon le programme mis en place, la couverture de la protection sociale au Togo ne touche qu’une faible partie de la population. La couverture en assurance santé ne touche que 6% de la population, dont 04% en vertu du régime de l’INAM et le reste des systèmes privés ou de mutuelles de santé.

Le programme révèle  que l’économie informelle ne dispose souvent d’aucune Protection Sociale, du coup les travailleurs et leurs familles de ce secteur de l’économie sont plus exposés et vulnérables face aux neufs types de risques envisagés par l’organisation Internationale du Travail (OIT)  dans sa convention numéro 102 à savoir: la maladie, le chômage, la vieillesse, l’accident de travail, la maladie professionnelle, la maternité, l’invalidité et le décès.

Il est constaté également à travers le programme que le nombre de citoyens participant aux processus démocratiques est en déclin dans plusieurs endroits en raison entre autres de nombreux jeunes citoyens qui n’ont jamais exercé leur droit fondamental de vote et le taux d’abstention de plus en plus élevé remarqué lors des scrutins.

Pour le Directeur Exécutif de l’ATDPDH, Yawo Elly, la mise en oeuvre de ce programme contribuera à mettre fin aux déficits en matière de respect des droits humains au Togo. “Ce programme va permettre de promouvoir le droit des citoyens dans leurs protections en utilisant une stratégie celle de répondre aux besoins en matière des droits humains” a-t-il déclaré.

Ce programme va se concrétiser par plusieurs activités  notamment la formation des formateurs et sensibilisateurs de base, la sensibilisation, la conscientisation des citoyens et la protection des Droits de l’homme.

Il faut noter que ce programme d’éducation aux Droits à la Protection Sociale et à la Participation Citoyenne  couvre la période d’août 2017 à juillet 2020, soit trois ans en intervention dans les cinq régions économiques du Togo où sont représentées les 24 sections de l’ATDPDH et Lomé commune.

L’ATDPDH est une Association culturelle à but non lucratif créée le 27 décembre 1998.

Hector Nammangue