Les femmes commerçantes de poissons de l’Alliance locale de Kpémé (30 km à l’Est de la capitale Lomé) ont dorénavant les outils nécessaires pour la défense de leurs droits économique et environnemental. Leurs cris de détresse ont amené les premiers responsables de l’Association Action sur le Genre et l’Environnement pour le Développement Durable au Togo (AGED-Togo) et du Collectif National des Organisations des Femmes pour l’Environnement (CONAFE-TOGO) à initier le projet dénommé ‘plaidoyer pour la défense des droits économiques des femmes commerçantes de poisson à Kpémé’’. L’un des activités dudit projet a permis de les rassembler le 19 janvier 2023 au cours d’un atelier de renforcement de leurs capacités techniques et organisationnelles pour la formulation d’actions de plaidoyer.
Cette formation a pour objectif de renforcer les connaissances de ces femmes sur les stratégies de plaidoyer pour qu’elles conduisent elles-mêmes les actions nécessaires à la défense de leurs droits. Pour AGED-TOGO et le CONAFE, il faut aussi et surtout arriver à susciter des prises de conscience des décideurs sur les questions de justice environnementale et économique pour la prise en compte des préoccupations des femmes victimes dans la zone minière de Kpémé.
Dorénavant, elles ont les outils nécessaires pour mieux défendre leurs droits.
Faciliter la commercialisation des poissons aux femmes
La commercialisation du poisson est l’activité principale de la zone après le maraichage à cause de la proximité de la mer. Cependant, la majorité des terres pour le maraichage étant utilisée pour l’exploitation de phosphate, les femmes ont dû abandonner cette dernière pour la commercialisation des poissons pêchés dans la mer après fumage. Par ailleurs, la pollution de la mer dans cette zone due au rejet de l’effluent de phosphate causé par la société nationale du phosphate du Togo (SNPT), entraine la mort et la fuite des poissons, ce qui diminue le rendement des pêches et ainsi des activités économiques des femmes. En outre, elles vivent dans un contexte d’injustice environnementale. La situation telle que décrite accentue la pauvreté dans le milieu, crée le déséquilibre dans les ménages sans oublier le bouleversement constaté dans l’éducation des enfants et l’exode rural.
En amont à cet atelier, une étude a été commanditée par AGED-TOGO dans le but de ressortir les problèmes vécus par ces femmes afin de proposer des recommandations en guise d’action de plaidoyer à mener.
Pour réussir cette mission, les deux organisations ont procédé en amont à la création d’une alliance locale regroupant les femmes victimes de l’exploitation du phosphate. Cette alliance a pour but de mettre ensemble les femmes dont les activités économiques ont été touchées par la pollution de la mer afin de leur fournir un cadre pour s’exprimer librement, formuler leurs propres objectifs et actions de plaidoyer et renforcer la solidarité entre elles.
« Nous avons pensé ce projet de plaidoyer pour la défense des droits économiques des femmes riveraines, victimes de l’exploitation de phosphate à Kpémé pour venir en aide à ces femmes vulnérables. Il s’agit d’une action de justice économique dans la mesure où la formation initiée dans ce contexte va permettre aux bénéficiaires d’améliorer considérablement leur activité économique, parce qu’elles vont porter leurs voix dans le but de chercher des approches de solutions pour faire face à la rareté de ressources halieutiques », a souligné Delalom ADJIVON TODJRO, Directrice Exécutive de AGED-Togo.
Madame Djahlinba Komlanvi, membre de l’Alliance locale, affirme que « cette initiative vient à point nommé vue leur vulnérabilité face à la situation de la dégradation des ressources halieutique due à l’exploitation de phosphate, sincèrement, nous disons un grand merci aux organisateurs et à l’UAF pour leur appui qui va améliorer nos conditions de vies. » a-t-elle ajouté.
Cette formation faut-il le préciser, a été organisée grâce à l’appui financier de Urgent Action Fund Africa. Pour la suite des actions à mener dans le cadre de cette initiative, AGED-Togo et le CONAFE comptent s’appuyer sur le Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires du Togo (REFAMP Togo) pour créer une forte alliance en faveur des femmes victimes de la pollution de la mer à Kpémé. Il s’agira en réalité d’actions concertées pour porter le message de plaidoyer aux autorités pour la mise en application des lois afin que l’alliance locale de Kpémé puisse trouver satisfaction.