Les personnes atteintes de pica mangent régulièrement des choses qui ne sont pas des aliments, comme du papier, de l’argile, de la craie, ou encore de la monnaie. Rare et méconnu, ce trouble des conduites alimentaires peut s’observer chez des personnes atteintes d’autres troubles mentaux.
Manger du papier toilette, des éponges, ou encore du plâtre ou de l’argile… Cela peut sembler incompréhensible. Pourtant, certaines personnes ingurgitent des éléments non-comestibles. Elles présentent un trouble du comportement alimentaire (TCA) méconnu et rare : le syndrome de pica.
C’est ce syndrome dont était atteinte Angèle. La vingtaine, la jeune femme raconte sur le réseau social Tik-Tok avoir mangé du papier toilette régulièrement pendant 5 ans, parfois jusqu’à trois ou quatre rouleaux par jour. « C’était devenu comme une drogue, affirme-t-elle. Ça me rassurait. Si je n’en consommais pas, je n’allais pas être bien. »
Ce trouble n’est évidemment pas sans conséquences sur la santé. Vomissements, troubles gastriques, carences en fer, perte de poids… La jeune fille, qui confie avoir caché à son entourage cette envie irrépressible parce qu’elle avait « honte », affirme avoir failli mourir des complications liées à ce trouble alimentaire. Elle a subi une opération du colon, et aujourd’hui semble mieux se porter.
Le syndrome de pica, répertorié comme trouble des conduites alimentaires (TCA), au même titre que l’anorexie ou la boulimie, est plus atypique et encore méconnu. Il repose sur « l’ingestion répétée de substances dont les qualités nutritives sont nulles, mais aussi non comestibles », détaille le manuel médical MSD. Telles que du papier, des éponges, du savon, de la peinture, du métal, de l’argile, des cheveux… ou parfois même de la monnaie.
À partir du moment où cette conduite est répétée dans le temps (un mois ou plus), sur des choses qui ne sont pas des aliments, le pica est alors diagnostiqué. Ce trouble peut s’observer chez des patients psychiatriques, atteints d’autres troubles mentaux, chez de jeunes adolescents ou encore des femmes enceintes.
En revanche, ce syndrome n’est pas posé chez les enfants de moins de 2 ans, car à cet âge les petits peuvent vouloir mettre tout à la bouche, cela fait partie de leur développement. Il n’est pas non plus diagnostiqué chez les personnes qui mangent des choses qui ne sont pas des aliments parce que c’est dans leurs traditions culturelles ou rites religieux.
« Généralement, ce que mangent les personnes atteintes de pica ne les met pas en danger », poursuit le manuel médical MSD. Néanmoins, des complications peuvent survenir (constipation, obstructions du tube digestif, intoxication, maladies infectieuses…).
Ces troubles peuvent s’accompagner aussi de carences, comme cela a été le cas manifestement pour Angèle, « puisqu’il y a une diminution des apports nutritifs et des défauts d’absorption », souligne encore l’article de MSD.
Il n’y a pas de traitement spécifique pour ce trouble du comportement alimentaire, même si certaines techniques comportementales peuvent être proposées, pour « se défaire des comportements indésirables tout en apprenant des comportements souhaitables ». Le pica peut durer plusieurs mois, puis disparaître spontanément, en particulier chez les enfants.
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) (anorexie, boulimie, etc.) concernent près d’un million de personnes en France, selon la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB). Et plus de la moitié d’entre elles ne sont pas dépistées et n’accèdent pas encore aux soins. Au niveau mondial, difficile à estimer. Certaines études considèrent que ces troubles touchent entre 4,8 et 9 % de la population. Les TCA constituent la pathologie psychiatrique qui a le plus fort taux de mortalité.