Il souffle actuellement sur le Maroc, comme un air de trahison. Si l’attribution du Mondial-2026 au trio USA/Canada/Mexique a suscité mercredi une grande déception, et de l’amertume, au Maroc, un outsider qui a cru jusqu’au bout aux chances de sa cinquième candidature à l’organisation d’une Coupe du monde, l’indignation est d’autant plus forte que sept pays arabes au total, pour la plupart considérés comme des alliés, ont voté pour le dossier américain.
“Le Maroc y croit“, “Et si le Maroc créait la surprise?“… Les journaux marocains n’ont pas manqué d’imagination jusqu’à ce mercredi matin. Tout le Maroc y avait cru. Mais au final, et comme en 1994, 1998, 2006 et 2010, le royaume chérifien a encore vu l’organisation du Mondial lui glisser entre les doigts. “J’ai ressenti de la tristesse au moment de l’annonce“, résume l’ancien international marocain Abdelkrim El Hadrioui.
Si cet échec fait mal aux Marocains, la « trahison » de la part des pays arabes et musulmans est ressentie comme un poignard dans le dos, à travers tout le royaume. Au cœur des commentaires les plus acerbes, le vote de l’Arabie Saoudite, grand allié du Maroc, qui a, selon la presse locale, “mené une campagne tous azimuts” en faveur de “United 2026“. En avril, la Ligue arabe avait annoncé son soutien à la candidature marocaine. “Dieu préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe. Suivez mon regard“, avait raillé avant le vote Moncef Belkhayat, membre du comité de candidature marocain et ancien ministre des Sports.
“Les Etats-Unis comptent un nouvel Etat. Il est arabe et musulman, corvéable à souhait et on y adore planter des couteaux dans le dos de ses amis en se cachant derrière des puits de pétrole“, avait asséné sur twitter Samira Sitaïl, dirigeante de la chaîne publique 2M.
Le Maroc mettait en avant sa géographie compacte, au carrefour de deux continents, l’Europe et l’Afrique, passionnés par le ballon rond, en promettant des matches dans le même fuseau horaire dans un rayon de 550 km autour de la capitale économique Casablanca.
Son dossier n’avait pas convaincu les experts de la task-force envoyés sur le terrain par la Fifa, qui lui avaient récemment attribué une note moyenne de 2,7 sur 5, soit à peine plus que le minimum requis (2 sur 5).
Quatre fois candidat malheureux à l’organisation (en 1994, 1998, 2006 et 2010), le royaume espérait devenir le deuxième pays du continent, après l’Afrique du Sud en 2010, à accueillir l’événement, pour sa première édition à 48 équipes.