“Atchadam Zéwa” ou pas, il y a plus important que ça !

Il s’agit d’une vidéo dans laquelle on voit des lutteurs (Evala chez les Kabyè) se moquer de Tikpi Atchadam, l’opposant qui a rallumé la flamme de la lutte pour l’alternance depuis le 19 août 2017. La fameuse “chanson” présente le leader du Parti National Panafricain (PNP) comme un poltron qui a “fui“. Allusion faite à l’absence de Tikpi Atchadam peu de temps seulement après le début des manifestations, parce que “craignant pour sa sécurité” et ce jusqu’au ce jour.

Depuis, partisans de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition ne se font pas cadeau sur les réseaux sociaux. Pour les premiers, cette “chanson” n’a rien de “méchant” ni de nouveau. “Il s’agit de chants guerriers que des lutteurs se lancent souvent en période des Evala pour provoquer l’adversaire. Donc cela n’a rien de nouveau “, se défendent les web-activistes du parti présidentiel.

Des arguments qui sont loin de convaincre les soutiens de l’opposition qui dénoncent le “sourire complice” du chef de l’État au nez et à la barbe duquel le morceau “provocateur” a été fredonne. “Les Evala sont une fête traditionnelle des Kabyè (ethnie du président togolais. Atchadam est Tem. Qu’est-ce que son nom vient chercher à Pya dans une fête traditionnelle ?”, rétorquent-ils se demandant si les Evala seraient devenues un meeting politique.

Dans ce marigot, la présidence de la République aussi se jette. Réagissant à la polémique autour de la “chanson” en question, le service de communication de Lomé II estime que les messages de la chanson n’ont rien d’insultant et ne devraient même pas faire objet de débat ou polémique. “Il y a quelques mois des messages, audio, visuels, vidéos faisaient état de ce que le président de la République, Faure Gnassingbé a fui le pays’ mais cela n’a pas suscité de polémique au sein de l’opinion“, a commenté le directeur de la communication de la présidence.

En quoi la “fuite” de Tikpi Atchadam intéresse-t-elle des lutteurs dans une fête traditionnelle ? “Pas besoin de polémiquer autour de cette banalité. Il faut comprendre ces jeunes. C’est juste pour que l’enveloppe du patron (le chef de l’État, ndlr) soit plus conséquente“, ironise un internaute togolais qui s’interroge cependant sur le silence voire le sourire du président de la République qui avait pourtant, dans un passé récent, repris des femmes d’Awandjélo qui s’en étaient prises aux leaders de l’opposition. “La tension politique actuelle ne permet pas de tels écarts“, a-t-il analysé.

Quoi qu’il en soit, ce qui intéresse aujourd’hui les Togolais dans leur grande majorité, ce n’est pas tant une chanson qui constate l’absence effective de Tikpi Atchadam sur le sol togolais. Une chanson qui d’ailleurs n’a pas empêché les manifestations de la coalition des quatorze partis de l’opposition de se poursuivre. Le plus important et qui mérite l’attention aujourd’hui, c’est comment arriver à sortir de cet engrenage dans lequel le pays se retrouve depuis le 19 août 2017. À ce propos, tous les regards sont tournés vers le père Noël (CEDEAO) dont les recommandations sont très attendues à la fin de ce mois pour une sortie de crise. Il y a donc plus important qu’une simple chanson.