Affaire des 46 militaires : Carlos KETOHOU propose la mise en place d’une commission d’enquêtes internationales
septembre 29, 2022 :
C’est une tribune de Carlos KETOHOU, journaliste, consultant en communication et analyste politique. Il propose une solution ‘’pertinente’’ pour mieux gérer la crise diplomatique qui prévaut entre le Mali et la Côte d’Ivoire depuis le mois de juillet 2022,…Load more
C’est une tribune de Carlos KETOHOU, journaliste, consultant en communication et analyste politique.
Il propose une solution ‘’pertinente’’ pour mieux gérer la crise diplomatique qui prévaut entre le Mali et la Côte d’Ivoire depuis le mois de juillet 2022, à cause de l’affaire des 46 soldats ivoiriens en détention à Bamako.
Lisez plutôt !
TRIBUNE LIBRE :
ONU : La valse des ‘’gros mots’’ dans la savane diplomatique…
Par Carlos KETOHOU
L’histoire du Français et du Juif fait marrer : ‘’Pour se vanter de la supériorité technologique de son pays, un Français, dans un dialogue imaginaire, dit au Juif que les recherches dans le sous-sol de son pays ont permis de découvrir des câbles datant de plusieurs siècles. Conclusion ‘’Nos ancêtres avaient déjà l’usage du téléphone, les fils qui reliaient ces appareils de communication ont été retrouvés…selon le gaulois.
C’est sans compter avec l’intelligence légendaire de cette autre race sémite qui retorqua, comme pour désarmer le français que ‘’nous, nos chercheurs ont fouillé partout dans notre sous-sol et n’ont rien trouvé. C’est la preuve suffisante que nos ancêtres communiquaient déjà avec des téléphones ‘’sans fil’’.
Ce dialogue interpelle sur la propension, mieux l’obsession des races, des ethnies ou des peuples à affirmer pour chacun, une identité de supériorité sur les autres à plusieurs égards.
Si la mode est française, l’élégance est italienne, si la diplomatie est anglaise, l’espionnage est russe, si la rigueur est allemande, la finance est luxembourgeoise, si la culture (chants et danses) est africaine, l’influence est américaine, etc.
Ces attributions vraies ou fausses influencent constamment les relations entre les peuples et les Etats, créent des conflits, développent des complexes et multiplient des traumatismes chez ceux qui se sentent souvent moqués de quolibets sur des critères qualificatifs souvent totalement ou parfois erronés.
Depuis quelques jours déjà, la 77è session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York offre sa tribune marbrée à des valses de ‘’gros mots’’ au sens propre et au sens figuré, issus de l’excès de sécrétion biliaire chez les dirigeants du monde réunis.
Les cinq fois que j’ai eu l’occasion de participer à cette assemblée générale de l’ONU, je n’ai pu enregistrer autant de discours houleux de provocations, d’expression de colère, de frustration, de vengeance et de révolte.
C’est vrai, de par le passé, de Mobutu du Zaïre à Sankara du Faso, de Ahmajinéjad de l’Iran à Kadhafi de la Libye, la libre expression a indisposé les représentants des Etats du monde qui parfois, se levaient en plein discours pour quitter la salle.
Mais à l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux pour relayer ces poussées d’adrénaline audacieuses de ces dirigeants dont les discours signaient du coup, leur arrêt de mort et les classaient dans la pénombre de l’histoire.
Aujourd’hui, ça y est. Les faits et gestes devant la tribune des Nations Unies sont suivis de par le monde entier. Ce qui permet d’apprécier et d’analyser les fondements des états d’âme des uns et des autres.
J’évite souvent, dans mes tribunes de m’ériger en donneur de leçons ou en juge de hautes personnalités qui ont selon le fonctionnement des Etats, les motivations légitimes de leurs prises de décisions.
Mais en analyste de la politique internationale, je m’attribue le devoir d’expliquer et de tirer les conséquences des actes posés dans le fonctionnement de la géopolitique internationale.
Le droit international de la politique internationale depuis la conférence de Berlin (1884-1885) enseigne la mutualité et la réciprocité dans les actions, les réactions, les offensives et les contre-offensives entre les Etats.
La tribune des Nations Unies est donc, sans nul doute, autant pour le Mali que la France, pour la Guinée que le Togo, pour la Russie que la Chine, le piédestal idéal et ultime pour exposer ses préoccupations, celles qui devraient permettre d’aspirer à un monde plus juste, vis-à-vis de sa politique intérieure dont on a la fierté et de la politique étrangère dans un monde d’interdépendance.
Etant donné que c’est le Premier ministre malien par intérim, Abdoulaye Maïga qui a réussi à être la superstar, il est de bon ton d’analyser le Mali.
Voilà donc un pays englué dans des attaques terroristes jamais maitrisées, marqué par une prise de pouvoir des militaires qui se donnent le devoir de ramener l’ordre politique, sécuritaire, socioéconomique et qui font face, au-delà des défis de territorialité à des attaques verbales et humiliantes, des sanctions économiques et financières.
Voilà un pays dans la foulée qui réussit à arraisonner 49 militaires considérés à tort ou à raison comme des mercenaires, ayant sans doute des preuves avec les moyens d’Etat dont il dispose, et qui est sommé, au plus haut niveau de l’ONU, sur plainte d’un autre dirigeant africain, par voie de menaces et intimidations de les libérer sans aucune forme de procès….
Le droit international des relations internationales devrait recommander aux instances internationales, la CEDEAO ou l’ONU, si elles n’ont pas confiance à la juridiction malienne de mettre en place une mission d’enquête internationale pour clarifier la situation des hommes armés, arrêtés et détenus par les autorités maliennes.
Si coupables ils sont, les traduire devant une juridiction compétente.
C’est le droit ; la voie royale qui puisse rassurer les protagonistes et l’opinion.
L’ancêtre de l’ONU, la Société des Nations, qui avait pour agenda de tuer les germes de conflit avait réussi en 1931 à décrisper une guerre naissante entre la Chine et le Japon par une approche intelligible.
C’était l’un des succès de la SDN. Une telle démarche à la base avec la CEDEAO ou l’ONU éviterait cette valse de ‘’gros mots’’ dans une assemblée qui rappelle le dessin de l’artiste congolais Cheri Cherin (en dessous) qui met en scène les impressions des animaux de la savane dans une assemblée générale.
Dans la série des discours à attirer l’attention, le passage du représentant du Togo, Ministre des Affaires étrangère, Robert Dussey, auréolé de toutes parts, mérite également un regard.
Le philosophe est resté droit dans ses bottes, sur ses convictions diplomatiques qu’il tient depuis 15 ans déjà.
Le ministre a été véhémentement applaudi pour un discours à la teinte panafricaniste, pour avoir revendiqué la place de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
Il professe que l’Afrique soit désormais prise en compte dans le concert des grandes nations et dans les décisions qui engagent le monde.
Bref, le ministre togolais exige des réformes profondes des instances des Nations Unies qui, contrairement à leurs idéaux de création sont aujourd’hui des instruments de dominations et d’asservissement.
Que de beaux discours et de beaux engagements rapidement anéantis par les exigences politiques et démocratiques imposées à son pays.
Les grandes puissances qui s’érigent contre l’inclusion de l’Afrique aux grands débats mondiaux ont des arguments : les pays africains à travers leurs dirigeants ne se prennent pas au sérieux. Ils ne respectent pas les lois, ne respectent pas les droits de la personne, ne démontrent pas l’intégrité dans les prises de décisions.
Les Etats africains continuent de se faire mouler dans les blocs anachroniques d’absence de modernité et de civilisations et d’autodestructions qui avaient fragilisé les grands empires et les grands royaumes et ouvert la porte à la domination étrangère il y a plusieurs siècles.
Les détracteurs de l’Afrique ne sont pas seulement les grandes puissances. Ils sont aussi les propres africains, imbus de personnalité et de pouvoir, valets des envahisseurs ennemis de leurs propres frères qu’ils combattent et détestent comme le coryza.
L’Afrique ne sera jamais prise au sérieux si des intellectuels éclairés continuent de jouer les rôles de cache-sexe de dirigeants qui multiplient des mandats présidentiels au mépris des constitutions, sur des Etats débridés, mal gouvernés et des peuples martyrisés. ‘’ils sont des chameaux qui se moquent de la bosse du dromadaire’’ selon Abdoulaye Maïga. C’est le péché mignon des parodies panafricanistes.
Le droit international des relations internationales a enseigné que l’éclatement de la SDN fut la conséquence du retrait de certains Etats. Les Etats Unis qui avaient été membres fondateurs de la première organisation universelle n’étaient pas eux-mêmes membres de ce qu’ils ont créé, paradoxalement empêchés par leur Senat.
Après, tour à tour, les retraits et les démissions furent enregistrés face à l’incapacité de la Société des Nations de prévenir et de résoudre les conflits.
La SDN s’affaiblira pour laisser place à l’Organisation des Nations Unies.
L’ONU se trouve aujourd’hui dans la même posture : confrontée au véto de superpuissants contre les faibles, africains en majorité.
Parallélisme des formes, si besoin est, au lieu de se mettre, pour les dirigeants d’Afrique, à la suite des auteurs du courant de la Négritude à endormir l’élite africaine, en injectant constamment l’opium de l’affirmation de l’identité culturelle de l’Afrique sans action, le bon sens du refus recommande à l’Afrique de s’unir autour d’une union forte et imposer le choix entre les reformes et l’éclatement.
L’action de bondir sur la proie de Wolé Soyinka, au lieu de continuer à faire miroiter la « Négrophonie » sans élan, sans actions.
La guerre prendra ainsi fin…. Faute de combattants.
Par contre, faute d’actions et à l’allure des discours meublés de gros mots, de lamentations et de cartouches verbales, on risque de rester dans la savane diplomatique caricaturée par l’illustre peintre qui met en scène l’impression des animaux de la savane face aux débats existentiels.
Pour se libérer, l’Afrique doit avoir ses rapports de force face aux superpuissances et se prendre au sérieux.
Luxembourg, le 28 septembre 2022
Carlos Komlanvi KETOHOU