Gambie: enfin une manifestation en hommage au journaliste Deyda Hydara!
décembre 17, 2017 :
Il y a treize ans, le journaliste gambien Deyda Hydara était tué à Banjul, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture. A la tête du journal indépendant “The Point”, il était le correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières en Gambie. Il est depuis devenu le symbole de cette parole libre que le régime de Yahya Jammeh voulait faire taire par tous les moyens.
Jusqu’à présent, les commémorations de la mort de Deyda Hydara se déroulaient à Dakar ou de manière très discrète à Banjul. Avec le changement de régime, pour la première fois depuis l’assassinat de Deyda Hydara le 16 décembre 2004, des commémorations libres se sont déroulées ce samedi. Une centaine de journalistes et de proches ont défilé ensemble.
Nyang Jobe se trouvait dans la voiture lors du meurtre. Elle a longtemps gardé le silence, mais aujourd’hui, elle tenait à venir témoigner : « Après 13 ans, de revenir ici, sur ce lieu, j’ai l’impression que ça se déroule en ce moment. Grâce au nouveau gouvernement, nous pouvons venir ici, pour nous souvenir de Deyda Hydara. On veut que justice soit faite et que le nouveau gouvernement amène les coupables devant la justice. »
De jeunes journalistes sont aussi venus lui rendre hommage. Juldeh Njie a 21 ans, et pour elle, Deyda Hydara est devenu un modèle dans la profession : « Il avait vraiment ce rôle de “chien de garde” pour la société. Et nous ça nous a inspirés. Même si le monde des médias était très compliqué avant, lui il s’est toujours battu pour que les gens puissent s’exprimer. Donc il faut qu’on le célèbre. Et son héritage continuera à vivre à travers nous. »
Cette commémoration autorisée montre aussi que le combat de Deyda Hydara n’était pas vain, selon Emil Touray, le président du syndicat des journalistes : « Le fait que nous puissions commémorer ce jour, librement, sans crainte, ça indique clairement que Deyda Hydara a remporté son combat pour la liberté d’expression. Et c’est quelque chose que l’on doit préserver. »
En mai dernier, la justice a émis des mandats d’arrêt internationaux contre deux anciens soldats proches de Jammeh. Depuis 13 ans, la famille du journaliste est toujours dans l’attente d’un procès.